fbpx
Connexion

Lascelles Brown : Le roi moins connu qui trouve le succès et sa voix au Canada

Photo: Lascelles Brown

Par Ryan Watson

Dans le monde du sport, quand on évoque le nom de « roi », on pense à LeBron James, Henrik Lundqvist ou encore Billie Jean King. Mais il y a un « roi » ayant pratiqué un autre sport qui mérite une place sur le même trône.

Lascelles « King » Brown est un bobeur d’origine jamaïcaine qui est en quelque sorte une légende au sein de la petite communauté canadienne des sports de glisse en raison de ses deux médailles olympiques et de ses cinq participations aux Jeux sous les couleurs de la Jamaïque (1) et du Canada (4).

Son coéquipier médaillé de bronze olympique, le pilote Lyndon Rush, qualifie le Jamaïcain-Canadien de « freineur le plus accompli qui ne soit pas un Allemand, sans l’ombre d’un doute. Chez les athlètes qui ne sont pas d’origine allemande… ses statistiques ne seront jamais égalées. »

Brown a grandi sur l’île caribéenne de la Jamaïque et a toujours rêvé d’être le meilleur.

« J’ai toujours rêvé d’être un athlète et d’être le meilleur dans le sport que j’ai choisi », explique l’ancien olympien.

Cependant, étant originaire de la Jamaïque, le bobsleigh n’était pas son premier choix. Ce n’était même pas un sport auquel il songeait. Son premier choix était la boxe.

« Je voulais être Mike Tyson… mais je ne pouvais encaisser tous ces coups. »

Après avoir accroché ses gants, Brown a été initié au bobsleigh par un ami qui lui a parlé du film « Les apprentis champions » (Cool Runnings en version originale anglaise), qui raconte l’histoire de l’équipe jamaïcaine de bobsleigh de 1988.

Le film l’a inspiré à contacter le bobeur jamaïcain Winston Watt.

« J’ai parlé avec lui et une fois qu’il m’a expliqué (le bobsleigh), qu’il m’a parlé de la puissance et de la vitesse, dans ma tête, j’ai pensé “Ça pourrait être moi” ».

Aussi improbable que cela puisse avoir paru au départ, Brown a découvert le bobsleigh et a décidé qu’il serait le meilleur dans ce sport.

 

Crédit : Bobsleigh Canada Skeleton

Pendant deux ans, le futur médaillé d’argent olympique s’est levé tous les matins à 5 heures pour faire deux heures de route, s’entraîner, et faire deux autres heures de route pour retourner chez lui et poursuivre son entraînement.

« J’avais l’habitude d’aller à la rivière et de lancer des pierres comme des ballons d’entraînement, je coupais des bâtons de bambou comme des haies… mes amis se moquaient de moi », dit Brown. « Une fois, un de mes amis m’a dit “Il n’y a aucune chance que tu puisses battre ces gars gros et forts que j’ai vus à la télévision” ».

Malgré les moqueries, lorsque le moment est venu d’être sélectionné au sein de l’équipe nationale jamaïcaine, il n’y avait qu’une seule place disponible pour 15 aspirants, et il est sorti vainqueur.

C’est par l’intermédiaire de l’équipe jamaïcaine de bobsleigh que Brown a connu le Canada. Il s’est entraîné à Calgary avec l’équipe en vue des Jeux de 2002 à Salt Lake City.

« Mon état d’esprit est toujours le même, je veux gagner. Mais de manière réaliste, nous n’avions aucune chance. Cependant, nous voulions avoir le départ le plus rapide au monde et nous avons réussi. »

Mais malgré le départ record des Jamaïcains en 2002, ils sont arrivés bons derniers.

Beaucoup de choses entrent en ligne de compte dans la réussite d’une équipe de bobsleigh. Vous avez besoin de bons athlètes, mais surtout de l’argent et de l’engagement des athlètes et de la fédération nationale.

Après les Jeux d’hiver de 2002, Brown a déménagé au Canada pour être avec sa nouvelle épouse Kara et a été invité à s’entraîner avec les athlètes canadiens au Parc olympique du Canada à Calgary.

« Pendant deux ans, j’ai attendu que les Jamaïcains viennent me rejoindre et ils n’avaient aucun financement », explique-t-il.

Le freineur olympique avait passé deux ans à s’entraîner au Canada avec les Canadiens, attendant la Jamaïque, espérant qu’ils étaient aussi dévoués envers le sport que lui. Lorsque le financement n’est pas venu, le quintuple olympien a décidé de se donner les meilleures chances d’atteindre le sommet de son sport et a choisi de représenter le Canada en 2004.

« Quelle meilleure façon de montrer ce que je peux faire que de concourir avec quelqu’un qui est compétitif, qui va réellement avoir une chance. »

L’excellence du bobsleigh canadien n’était pas la seule motivation pour porter l’uniforme unifolié. Comme tant d’autres personnes, Brown considérait également le Canada comme son pays d’adoption.

« Nous avons eu notre première fille, Zody, et à ce moment-là, je me disais “Ça va être chez moi, pourquoi ne pas concourir pour mon nouveau pays” », a expliqué le freineur canadien.

Devenir membre de l’équipe canadienne de bobsleigh était la meilleure chose que Brown ait pu faire pour réaliser son rêve de devenir « le meilleur dans le sport (qu’il a) choisi ».

Crédit : Bobsleigh Canada Skeleton

Déménager au nord a donné au « roi » la chance de gagner, ce qui comporte des avantages.

En plus des médailles, la possibilité de faire entendre sa voix est une chose que le Canada a offert à l’ex-athlète de 47 ans, particulièrement ces derniers temps alors que la communauté du bobsleigh et du skeleton tente de rebâtir une culture plus sécuritaire et plus inclusive au sein de ces deux sports.

Sa voix, son histoire et son succès sportif ont été entendus à l’échelle nationale, ce qui ne serait jamais arrivé s’il était resté en Jamaïque.

Avec trois médailles aux Championnats du monde de l’IBSF, une de chaque couleur, et deux médailles olympiques, une d’argent en bob à deux (Turin 2006) et une de bronze en bob à quatre (Vancouver 2010), le Canada a permis au freineur de devenir le premier athlète né en Jamaïque à remporter une médaille aux Jeux olympiques d’hiver.

La carrière de Lascelles Brown parle d’elle-même, et on peut dire sans risque de se tromper que le surnom autoproclamé « roi » sied presque aussi bien au bobeur jamaïcain-canadien que la feuille d’érable sur son cœur.

Ryan est un participant au tout premier Programme des champions créatifs d’AthlètesCAN.

Il est étudiant au sein du programme d’études supérieures en journalisme sportif d’une d’urée d’un an au Collège Centennial de Toronto, après avoir achevé le programme de communication et d’études culturelles de l’Université Concordia à Montréal. Il est également membre de l’équipe nationale canadienne de para-soccer à sept joueurs. Suivez Ryan @r_watson_